La transformation numérique peut soutenir la reprise économique des pays du Partenariat oriental

Andreas Schaal examine les effets de la pandémie sur les pays du Partenariat oriental de l’UE et les mesures qui pourraient être prises pour aider leurs économies à se redresser. Banner image: Shutterstock/Monkey Business Images
La transformation numérique peut soutenir la reprise économique des pays du Partenariat oriental
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Cet article s’inscrit dans une série de contributions d’experts de l’OCDE et d’influenceurs – du monde entier et de tout secteur de la société – qui répondent à la crise du COVID-19, partageant et développant des solutions pour aujourd’hui et demain.

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Les pays du Partenariat oriental de l’Union européenne — l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Bélarus, la Géorgie, la République de Moldova et l’Ukraine — ont été frappés de plein fouet par la pandémie de COVID-19. À l’issue des deux chocs précédents, à savoir la crise financière mondiale de 2008-09 et la fin du super-cycle des produits de base en 2014-15, la reprise avait déjà été timide (Graphique 1). Par conséquent, bien avant le début de la pandémie, les taux de croissance étaient trop bas pour permettre aux pays de se rapprocher des niveaux de productivité et de revenus de la zone OCDE (Graphique 2).

Ce schéma ne doit pas se reproduire. Pour que les pays du Partenariat oriental retrouvent leur dynamisme, il est essentiel que les politiques de relance cadrent avec les besoins structurels à long terme et donnent un nouvel élan à la croissance de la productivité.

Graphique 1 – Croissance du PIB réel (en pourcentage annuel)

Source : FMI, Perspectives de l’économie mondiale (avril 2021). Les données relatives à 2020 sont des estimations préliminaires.

Graphique 2 – PIB par habitant en pourcentage de la moyenne de l’OCDE
(moyenne des pays du Partenariat oriental)

Source : FMI, Perspectives de l’économie mondiale (avril 2021).

Les faiblesses structurelles brident les économies du Partenariat oriental

La pandémie a fait éclater au grand jour certaines des vulnérabilités structurelles qui minaient de longue date les pays du Partenariat oriental. Ils affichent pour la plupart une forte concentration de leurs exportations — notamment en termes de produits exportés —, les matières premières représentant plus de 80 % des exportations de l’Azerbaïdjan et environ 30 % de celles de l’Arménie, de la Géorgie et de l’Ukraine ; sans compter qu’ils sont en général largement tributaires d’une poignée de marchés d’exportation. Dans la majeure partie de la région, les secteurs à forte intensité de capital, peu pourvoyeurs d’emplois, tirent la croissance, de sorte que les emplois sont essentiellement concentrés dans les activités à faible productivité. La diversification de l’activité économique, de l’emploi et des exportations permettra donc non seulement d’amortir les chocs, mais aussi de soutenir une croissance plus équitable et plus inclusive.

Dans ce contexte, les décideurs ne devraient pas perdre de vue l’impact disproportionné de la pandémie de COVID-19 sur des groupes particuliers. Les petites et moyennes entreprises ont ainsi été confrontées à des difficultés de trésorerie et des baisses de chiffre d’affaires plus marquées que les grandes structures. Les femmes et les travailleurs informels ont pour leur part été frappés par de fortes réductions de salaires et d’emplois, qui ont aggravé les disparités et les vulnérabilités préexistantes. Depuis les premières phases de la pandémie, l’OCDE a effectué un suivi de ces répercussions dans les pays du Partenariat oriental, ainsi que des mesures prises en conséquence par les pouvoirs publics, et proposé des solutions pour minimiser les dommages économiques à long terme.

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Créer un environnement permettant au secteur privé de prospérer

Dans les pays du Partenariat oriental, « reconstruire sur de meilleures bases » suppose avant tout de continuer d’améliorer l’environnement dans lequel opèrent les entreprises, en permettant aux entrepreneurs qui prennent des risques d’investir et aux marchés concurrentiels de favoriser une affectation optimale des ressources. À cet égard, les recommandations formulées dans la dernière édition de la publication SME Policy Index: Eastern Partner countries 2020 donnent des indications utiles aux responsables de l’action publique. Les pays du Partenariat oriental doivent s’attacher à renforcer les institutions et la gouvernance publique, tout en créant des conditions propices à l’investissement, l’entrepreneuriat et l’innovation. Il est essentiel d’instaurer des régimes réglementaires et fiscaux bien conçus et fonctionnant correctement, et de garantir la sécurité des droits de propriété, une concurrence loyale et des marchés ouverts.

Les gouvernements doivent concevoir des plans de relance et prendre des mesures pour minimiser les dommages économiques à long terme et stimuler la productivité. Ce qui implique de s’attaquer aux faiblesses structurelles qui mettent à mal la compétitivité de leurs économies, ainsi qu’aux incidences à court terme de la pandémie de COVID-19.

D’une part, il convient de maintenir les mesures de protection et de soutien ciblé, à l’heure où les restrictions sont progressivement levées, en particulier dans les secteurs axés sur les services et les contacts fréquents, qui ont été les plus durement touchés ou qui seront plus lents à rouvrir, tels que les voyages et l’hôtellerie.

D’autre part, il importe de veiller à ce que la pandémie de COVID-19 n’érode pas l’esprit d’entreprise dans les pays du Partenariat oriental. Pour gérer la hausse attendue du nombre d’entreprises confrontées à des difficultés financières, les pays devraient réformer leurs régimes d’insolvabilité afin de permettre une restructuration plus rapide et un meilleur recouvrement des actifs. Ils doivent également veiller à ce que les entrepreneurs honnêtes ne soient pas indûment pénalisés ni, plus important encore, empêchés de créer de nouvelles entreprises dans un avenir proche.

La transformation numérique est essentielle pour sortir de la crise du COVID-19, mais l’adoption des technologies n’en est qu’une facette

Enfin, si les PME ont souffert de manière disproportionnée des mesures de confinement, elles ont également bénéficié d’un impact positif des technologies numériques sur leurs activités, souvent pour la première fois. La transformation numérique des PME est l’un des principaux moyens d’accroître la productivité dans les pays du Partenariat oriental — les entreprises étant à même d’optimiser leurs processus et de toucher une nouvelle clientèle, à moindre coût – et devrait être au cœur de leurs plans de relance.

Dans les pays de l’OCDE, les PME accusent un retard en termes d’adoption des technologies numériques par rapport aux grandes entreprises, et les écarts sont plus béants encore lorsqu’il s’agit d’outils plus perfectionnés, tels que les outils d’analyse des données massives ou d’intelligence artificielle. Malgré le manque de données, on observe des schémas similaires dans les pays du Partenariat oriental.

Dans la mesure où la transformation numérique est un important levier de gains de productivité et de croissance des salaires, la faible adoption des technologies numériques contribue au creusement des inégalités entre les entreprises, entre les personnes et entre les zones géographiques. Les pouvoirs publics peuvent aider à résorber les fractures numériques en menant un programme de réformes permettant aux petites et moyennes entreprises de rester au fait de la transformation numérique de leurs activités.

Les pays qui souhaitent œuvrer en ce sens devraient garder à l’esprit qu’une véritable transformation numérique des entreprises nécessite d’instaurer une culture du numérique pour accompagner l’adoption des technologies ; ce qui suppose, avant tout, de sensibiliser les entrepreneurs aux solutions numériques. De même, les propriétaires et les dirigeants des PME doivent être dotés des outils nécessaires pour adapter leurs processus d’entreprise à la disponibilité croissance des données, à la connaissance approfondie des clients, à la portée géographique et à la rapidité des interactions avec le marché. Mais ils doivent également disposer d’une maîtrise du numérique suffisante pour repérer les nouveaux modèles économiques et protéger comme il se doit la sécurité et la confidentialité des données.

Pour accompagner les pays du Partenariat oriental sur cette voie, dans le cadre de l’initiative EU4Business, un nouveau projet mis en place par l’OCDE vise à formuler des conseils stratégiques pour aider à la transformation numérique des entreprises dans la région. S’appuyant sur les travaux menés en vue d’améliorer les conditions générales influant sur l’économie numérique, il préconise des mesures spécifiques que les pouvoirs publics et les organismes de soutien aux entreprises peuvent prendre pour aider ces dernières à amorcer une véritable transition vers le numérique.

Pour en savoir plus, voir les travaux de l’OCDE avec les pays du Partenariat oriental (en anglais), ou la réponse à la crise du COVID-19 dans les pays du Partenariat oriental (en anglais).

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