La cartographie numérique : Une boussole collaborative pour le développement de « Smart Cities » africaines inclusives

En permettant de mieux recenser les besoins des populations et de prioriser les réponses à apporter en termes d’aménagement, la cartographie participative peut être un vecteur de vies meilleures dans les pays en développement, explique Nathalie Sidibé, pionnière de la cartographie numérique au Mali.
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 Dans des pays en développement comme le mien, le Mali, une approche collaborative est essentielle au développement de « smart cities ». Grâce aux outils numériques, la cartographie participative par la société civile peut jouer un rôle clé pour assurer des vies meilleures. 

J’ai découvert OpenStreetMap en 2014 avec le projet Espace OpenStreetMap Francophone, initié par l’Organisation Internationale de la Francophonie, en partenariat avec l’Unicef et l’Association Malienne d’Éveil au Développement Durable (AMEDD). Ayant appris la tenue de formations en cartographie numérique à Bamako, je m’y suis rendue et j’ai tout de suite été séduite par le projet et son potentiel.

Aujourd’hui, nous cartographions ensemble pour contribuer au développement durable de mon pays et du continent africain.

D’autres ateliers m’ont par la suite permis de renforcer mes compétences en cartographie numérique et de tisser des relations professionnelles et humaines fortes avec les bénéficiaires des autres communautés OpenStreetMap des Pays d’Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui, nous cartographions ensemble pour contribuer au développement durable de mon pays et du continent africain.

Avec mon équipe malienne et grâce au soutien du réseau Ouest-Africain, nous avons ainsi réalisé de multiples actions visant à développer des compétences locales en cartographie et sensibiliser à l’ouverture des données, et organisé des "cartoparties" (des sorties terrain pour collecter de données avec des GPS ou des smartphones sur une zone définie), ainsi que des Mapathons (des séances de cartographie à distance avec l’imagerie des sattelites ou des drones pour la production en masse de données géospatiales ouvertes en masse). Plus de 3000 personnes – et notamment des étudiants et des membres d’ONG, d’agences gouvernementales et du secteur privé  - ont ainsi bénéficié de nos sessions de formation pour la promotion de la cartographie numérique collaborative OpenStreetMap et Système d’information géographique libre. Ensemble, nous avons réussi à digitaliser des grandes villes comme Bamako et mis des milliers de données géographiques sur le réseau routier, le bâti, la végétation et les équipements à la disposition des collectivités, des ONG humanitaires et des entreprises maliennes.

Ces données présentent un grand intérêt pour tous les acteurs : services et établissements d’État, collectivités territoriales, opérateurs de services publics, bureaux d’étude, entreprises, associations, grand public et, plus généralement, pour les politiques publiques dans leur ensemble.

Ces données sont primordiales pour l'élaboration, la planification et la prise de décisions en matière de développement des territoires, permettant de garantir leur développement harmonieux.

Elles permettent en effet aux collectivités de réaliser des diagnostics et des suivis précis des situations relatives aux territoires (équipements publics, ressources naturelles existantes, zones critiques...) afin de mieux recenser les besoins des populations et de prioriser les réponses à apporter en termes d’aménagement. Elles sont primordiales pour l'élaboration, la planification et la prise de décisions en matière de développement des territoires, permettant de garantir leur développement harmonieux. Par leur biais, les Etats sont également en mesure d’adopter des mécanismes réduisant leur vulnérabilité, de prévenir de manière efficiente et efficace les catastrophes naturelles et environnementales  et d’élaborer des politiques plus adaptées pour atteindre les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies. C’est pourquoi avec mon équipe, nous nous sommes fixés comme objectif d’amener les décideurs à mettre les données géographiques au cœur des prises de décisions.

Nous avons ainsi entrepris depuis 2018 des rencontres d'échanges et de sensibilisation bilatérales avec des agences gouvernementales et des collectivités territoriales pour la cartographie des équipements existants et la création de bases de données géographiques. Celles-ci ont abouti à des réalisations comme cette carte des équipements d'intérêt public de Bamako (adrbamako.ml):

Carte des équipements d'intérêt public ADR Bamako

Financée par l’Agence de Développement Régional de Bamako, ADR Bamako permet à cette administration d’avoir une vue d’ensemble sur les infrastructures scolaires, sanitaires publiques et centres d’état civil de Bamako, et d’ainsi mieux orienter la construction de nouvelles infrastructures conformément aux besoins de la capitale malienne.

Nous nous sommes également engagés dans le développement des compétences locales pour que des membres des personnels des collectivités, tout comme de ceux de nombreuses agences gouvernementales et d’ONG, disposent des connaissances et compétences nécessaires à la collecte et la mise à jour de données géographiques de qualité et puissent ainsi contribuer à leur tour. Ci-dessous quelques photos qui en témoignent!

Atelier de formation organisé pour des acteurs des ONG humanitaires en partenariat avec OCHA Mali

Les universités ne sont pas en reste car nous avons initié dès 2016 un programme de formation à leur endroit, dénommé CartoCamp, qui a permis la mise en place de deux groupes d’étudiants, à l’Université des Sciences Sociales et de Gestion de Bamako et l’Université de Ségou. Ces « Chapitres YouthMappers » continuent à promouvoir les données géospatiales ouvertes OpenStreetMap dans leurs universités respectives.

Grâce à l’appui des administration de ces universités et au soutien financier de l’université américaine de West Virginia, l’un soutien actuellement les efforts des autorités sanitaires de l’agglomération de Ségou en vue de se doter de données géographiques actualisées sur les infrastructures sanitaires, tandis que l'autre s’apprête à aider les autorités de la commune urbaine de Djenné  à obtenir une base de données géographiques.

Tous ces efforts ont culminé dans l’organisation d’une conférence international sur la digitalisation des territoires en 2021 qui a réuni des acteurs nationaux et internationaux autour de travaux concrets réalisés en matière de digitalisation des territoires et de données géospatiales dans des domaines aussi divers que la sécurité, la santé, l’agriculture, les domaines et le cadastre, le transport, la construction de Smart Cities ou Open Cities, le développement des start-ups, l’e-commerce, ou encore l’emploi des jeunes et la bonne gouvernance au Mali et dans les pays du Sahel.

Conférence Internationale sur la Digitalisation des Territoires

L'évènement fut l’opportunité de sensibiliser les décideurs à l’importance des données géospatiales pour relever les défis du développement durable – et en particulier pour des pays comme le Mali confrontés à une crise multidimensionnelle sans précédent.

Pour que nos missions puissent davantage porter leurs fruits, elles doivent néanmoins être soutenues, au plan national tout comme au plan local, à travers l’adoption de lois et de cadres réglementaires spécifiques relatifs à l’actualisation, la centralisation et l’accessibilité des données du territoire. Elles doivent également être appuyées financièrement et techniquement par les décideurs et les partenaires internationaux pour permettre l’organisation d’ateliers de plaidoyers et de sessions de formation. En un mot, il faut poursuivre et accroître l’appui financier et technique dont ont bénéficié nos initiatives de promotion et de vulgarisation des données géo-spatiales et de développement de compétences locales.

Face aux enjeux du développement, il est plus que jamais temps de réunir nos forces afin de tirer parti du grand potentiel des outils numériques lorsqu’ils sont combinés à l’énergie de citoyens et de citoyennes mobilisées pour des vies meilleures!






 Les travaux de l'OCDE s'efforcent d'améliorer la qualité de vie et de créer des villes plus inclusives, tout en abordant un éventail d'enjeux, tels que la gestion de l'expansion urbaine et de la congestion, l'encouragement de l'innovation et la durabilité environnementale. Apprenez-en davantage sur notre site (en anglais)

 Les travaux de l'OCDE s'efforcent d'améliorer la qualité de vie et de créer des villes plus inclusives, tout en abordant un éventail d'enjeux, tels que la gestion de l'expansion urbaine et de la congestion, l'encouragement de l'innovation et la durabilité environnementale. Apprenez-en davantage sur notre site (en anglais)


Et suivez également les discussions de la Réunion ministérielle de l'économie numérique de l’OCDE, qui se tient du 13 au 15 décembre 2022

To learn more, check out also the OECD's work on Digital Security and tune in to the OECD Digital Economy Ministerial Meeting, taking place on 13-15 December 2022 


Egalement sur le Forum Network: La Grande Muraille verte, un défi écosystémique pour l’Afrique, de Gilles Boëtsch & Aliou Guissé, Co-Directeurs, Observatoire Hommes-Milieux Téssékéré

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