Systèmes de santé résilients : Ce que nous apprend la crise du COVID-19

Image bannière : Artur Tumasjan
Systèmes de santé résilients : Ce que nous apprend la crise du COVID-19
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Cet article s’inscrit dans une série de contributions d’experts de l’OCDE et d’influenceurs – du monde entier et de tout secteur de la société – qui répondent à la crise du COVID-19, partageant et développant des solutions pour aujourd’hui et demain. 

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Lutte contre le coronavirus (COVID‑19) Pour un effort mondial

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Partout dans le monde, la croissance rapide du nombre de personnes infectées par le COVID-19, la maladie causée par le nouveau coronavirus SARS-CoV-2, surcharge les systèmes de santé, causant des pertes de vie à grande échelle et de graves souffrances humaines. Il représente une menace importante pour l'économie mondiale, affectant en particulier les plus vulnérables et étirant davantage un tissu social confronté à des niveaux élevés d'inégalités.

Les personnes âgées et celles souffrant de maladies chroniques sont particulièrement à risque. Dans la zone OCDE, plus d'une personne sur six est âgée de plus de 65 ans, dont 60% vivent avec de multiples maladies chroniques. L'Italie, l'un des pays les plus touchés, a la deuxième plus grande proportion de personnes de plus de 80 ans dans l'OCDE, après le Japon. Outre le risque de contagion, les personnes âgées vivant à domicile sont exposées à des risques liés à l'isolement. Quel que soit l'âge, de nombreuses personnes sont confrontées à un impact significatif sur leur santé mentale.

Face à cette crise sanitaire sans précédent, les 36 pays de l'OCDE ont intensifié leurs efforts pour contenir ce tsunami d'infections virales. La distanciation sociale, les mesures de détection et de traçabilité des nouveaux cas, ainsi que l'amélioration de l'hygiène personnelle et environnementale contribuent à atténuer l'énorme pression sur les systèmes de santé. Pourtant, ces mesures ont différents niveaux d’efficacité et, par conséquent, leur mise en œuvre conjointe est le moyen le plus efficace de maximiser l’impact global.

Au-delà des efforts de confinement, qu'ont fait les systèmes de santé jusqu'à présent pour gérer cette crise sanitaire ?

Certains pays ont renforcé l'accès aux soins de santé, soulignant l'importance d'une couverture sanitaire universelle de haute qualité. Aujourd'hui, dans 23 pays de l'OCDE, 20 % des personnes renoncent aux soins en raison de longs délais d'attente ou de la distance à parcourir, et 17 % en raison de coûts trop élevés. Pour compenser cela, des mesures spécifiques ont été introduites pour couvrir les tests de diagnostic et réguler leurs prix, par exemple aux États-Unis, en Allemagne et en France.

Pour renforcer les capacités des personnels de santé, certains pays ont autorisé les étudiants en médecine en dernière année de formation à commencer à travailler dès maintenant et ils ont fait des efforts pour mobiliser les pharmaciens et les assistants de soins. Dans le cadre d'une stratégie logistique plus large visant à stimuler les efforts de diagnostic des personnes, la Corée a mis en œuvre un programme de dépistage au volant (sous forme de « drive ») largement connu. Tous les pays ont fait des efforts pour isoler les cas suspects et confirmés, notamment en encourageant l'hospitalisation à domicile comme aux États-Unis.

Des solutions numériques innovantes font également leur apparition. L'accès à la télémédecine a été facilité en France et aux États-Unis. Israël a introduit des appareils robotiques et l'utilisation de la télémédecine pour surveiller l'état de santé des personnes mises en quarantaine. La Corée teste des applications pour smartphones afin de permettre aux personnes en quarantaine de signaler l'évolution de leurs cas et de surveiller le respect de la quarantaine par les personnes. Des initiatives d'intelligence artificielle visant à suivre la propagation du virus et à prédire où il pourrait apparaître par la suite ont été développées au Canada.

La crise a mis en évidence la nécessité pour nos systèmes de santé d'être plus résistants aux crises d'une telle gravité. S'il est trop tôt pour tirer des conclusions, trois aspects méritent d'être examinés.

Premièrement, il est nécessaire de renforcer les mécanismes de surveillance des maladies et les infrastructures d’information sanitaire. Au-delà des systèmes d'avertissement et de réponse précoces basés sur les alertes et la notification des cas, les pays dotés de dossiers médicaux électroniques nationaux normalisés (DME) peuvent extraire des données de routine pour la surveillance des maladies en temps réel, les essais cliniques et la gestion du système de santé. Cependant, seuls la Finlande, l'Estonie, Israël, le Danemark, l'Autriche, le Canada, la République slovaque et le Royaume-Uni, ainsi que Singapour, sont bien préparés sur le plan technique et opérationnel à générer des informations à partir des DME. Davantage d'efforts sont donc nécessaires pour lever les obstacles techniques et de gouvernance des données qui empêchent l'utilisation efficace de ces données, tout en respectant leur confidentialité, conformément à la recommandation du Conseil de l'OCDE sur la gouvernance des données de santé.

Deuxièmement, la crise a mis en évidence l'importance d'avoir des systèmes de santé adaptables. Le manque de toute capacité excédentaire peut rendre les pays vulnérables à une augmentation inattendue de la demande. La disponibilité des lits d'hôpitaux et leur taux d'occupation varient considérablement d'un pays de l'OCDE à l'autre. En ce qui concerne les lits de soins aigus, le Japon en a le plus grand nombre, avec près de 8 lits pour 1 000 habitants, suivi par la Corée et l'Allemagne. Pour certains pays de l'OCDE, les lits dans les unités de soins intensifs varient d'un facteur de 6. Pour doter les systèmes de santé de capacités de réserve, il faudra des approches créatives, comme une « armée de réserve » de professionnels de la santé qui peut être rapidement mobilisée ; le stockage d'une capacité de réserve de fournitures telles que les équipements de protection individuelle ; et le maintien de lits de soins qui pourraient être rapidement transformés en lits de soins aigus.

Enfin, il est nécessaire de renforcer la coordination entre les pays. Outre les efforts visant à coordonner une réponse internationale pour un endiguement rapide, nous devons être en mesure d'accélérer le développement de diagnostics, de traitements et de vaccins. Il faudra sans doute au moins 18 mois pour mettre un nouveau vaccin à disposition pour le COVID-19. Au-delà du pic de financement pour soutenir des efforts de R-D plus importants, il est également nécessaire de maintenir de tels développements si l'épidémie finit par se résorber, afin que nous soyons mieux préparés pour de futures épidémies. Une fois élaborées, des procédures accélérées pour les nouveaux traitements et vaccins sont importantes pour encourager une autorisation de mise sur le marché rapide. Des engagements sont également nécessaires pour garantir que ces produits soient disponibles à des prix abordables là où les besoins sont les plus élevés. Comme l'a dit le Secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurría, nous avons besoin de nouvelles « actions conjointes pour gagner la guerre ». 

Références et lectures complémentaires

Oderkirk, J. (2017), “Readiness of electronic health record systems to contribute to national health information and research”, OECD Health Working Papers, No. 99, OECD Publishing, Paris

OECD (2019a), Health at a Glance 2019: OECD Indicators, OECD Publishing, Paris

OECD (2019b), Health for Everyone? Social Inequalities in Health and Health Systems, OECD Health Policy Studies, OECD Publishing, Paris

OECD (2020a), Flattening the COVID-19 peak: Containment and mitigation policies, Updated 24 March 2020, OECD, Paris

OECD (2020b), Beyond Containment: Health systems responses to COVID-19 in the OECD countries, Update 20 March, OECD, Paris

OECD, Recommendation of the Council on Health Data Governance, OECD/LEGAL/0433

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