« People power » : l’intelligence collective dans une nouvelle ère de coopération internationale

« People power » : l’intelligence collective dans une nouvelle ère de coopération internationale
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Nous vivons des temps difficiles. Des temps où les valeurs de collaboration, d’ouverture et d’intégration sont remises en question. Des temps où les notions de citoyenneté et d’engagement civique sont redessinées. Des temps où le partage, le sens et la véracité de l’information prennent une nouvelle dimension dans un XXIe siècle toujours plus numérique, direct et rapide. En tant qu’organisation née des décombres de la Seconde Guerre Mondiale, nous ne savons que trop bien que la paix ne peut être considérée comme acquise. Chaque jour, nous vivons et témoignons des bénéfices que le dialogue et la coopération apportent au renforcement de la paix dans le monde ainsi que dans la vie de toutes et de tous.

Aujourd’hui, nous communiquons dans un environnement où l’opinion publique est divisée par des expériences de vie très différentes. Si nous souhaitons atteindre directement les individus, nous devons parler une langue qui résonne avec leurs expériences, plutôt que d'utiliser des chiffres et des données statistiques froids et inhumains. Le dixième anniversaire de la crise financière mondiale nous offre à tous la possibilité de faire une pause et de réfléchir à la distance qui sépare la pensée économique classique, et les modèles sur lesquels elle reposait, de la réalité de la vie quotidienne des personnes, qui subissent encore les effets de la crise financière mondiale une décennie plus tard.

OECD New Approaches to Economic Challenges

2018 marque aussi le 50e anniversaire des manifestations de 1968. En France, les grèves – les plus importantes en Europe depuis la Seconde Guerre Mondiale – ont paralysé le pays. Aux Etats-Unis, l'assassinat de Martin Luther King Jr. et la poursuite de la guerre au Vietnam ont amené des manifestants dans les rues. Aujourd’hui comme hier, il semble que l'intensité de l'engagement démocratique découle souvent d'une crise ou d'un effondrement social.

Aujourd’hui, les habitudes de votes et l’abstention trahissent le fait que nos institutions démocratiques souffrent d'un désengagement politique et risquent de perdre en pertinence. Et pourtant, internet semble nous offrir un nouveau lieu de débat, qui s’étend au-delà des frontières nationales et qui permet aux personnes de partager de nouvelles idées, façonnant ainsi, et de manière proactive la vie publique.

Les technologies numériques peuvent être utilisées (à bon et à mauvais escient) à des fins civiques pour proposer des idées nouvelles et améliorées afin de revitaliser les pratiques démocratiques et réinventer la manière dont citoyens et décideurs politiques interagissent. Tim Berners-Lee, le fondateur d'Internet, a lui-même résumé cela dans son récent appel à une « Magna Carta pour le Web ».

Ce paysage en mutation exige de nous que nous élargissions le spectre de notre engagement, en reconnaissant, une fois pour toutes, que dans un monde protéiforme et riche de ses parties prenantes, l’élaboration des politiques n’est plus la compétence exclusive des gouvernements. Une multitude de voix influentes s'élèvent, qu'il s'agisse de la société civile organisée ou de mouvements citoyens spontanés, et unissent leurs forces pour susciter la créativité, provoquer la réaction et inspirer des changements nouveaux et durables. Ces voix ne nous aident pas uniquement à dessiner et à mettre en place des solutions à échelle globale, elles jouent un rôle clef dans l’adaptation de ces dernières à l’échelle locale, là où elles ont un réel impact sur la vie des individus.

Mon appel aujourd’hui est le suivant : en nous concentrant sur le « quoi », n’oublions pas le « comment ». Que faut-il changer pour que les citoyens se sentent plus impliqués dans le processus démocratique et pour rétablir le dynamisme de nos institutions, y compris celles intergouvernementales ? Lors du Forum de l'OCDE « Ce qui nous rapproche » en mai dernier, nous avons réuni un groupe de voix influentes afin d'explorer comment réactiver l'énergie présente lors des manifestations de mai 68 et d'événements plus récents afin d'aller au-delà du point de crise, et d'exploiter le potentiel de l’intelligence collective. Ils nous ont demandé de chercher de nouveaux modèles pour engager plus directement les individus dans un monde structuré autour d'États-nations et de développer des initiatives mondiales susceptibles de voir grandir de manière organique des identités transnationales.

Au Forum de Paris sur la Paix, nous poursuivrons cet effort en organisant un atelier interactif afin d’explorer les moyens par lesquels des organisations telles que la nôtre peuvent mobiliser au mieux cette intelligence collective. Nous nous inspirerons d'initiatives axées sur les citoyens, telles que la campagne « Le monde que nous voulons », qui a conduit aux Objectifs de développement durable ainsi qu’à la consultation du large éventail de parties prenantes pour parvenir aux Accord de Paris sur le climat. Ensemble, nous avons la possibilité d’aller au-delà des dimensions locale, nationale et même mondiale ; toutes ces initiatives peuvent aider à dépasser les clivages entre les délibérations internationales et les préoccupations individuelles.

Ce sont ces questions fondamentales qui nous ont motivés à créer l’Indicateur du vivre mieux de l'OCDE, notre premier pas vers une approche différente de la conception de politiques. Cette volonté s’inspire de la nécessité de mieux comprendre et de prendre en compte les aspirations des citoyens, en plaçant au centre le dialogue et le feedback. Le résultat est la création, en 2011, d’une plate-forme interactive, qui permet aux utilisateurs de voir comment les pays se comportent en fonction de l'importance accordée à chacune des onze dimensions qui contribuent à une vie meilleure. C’est une étape importante pour nous car nous essayons de transformer la relation entre les décideurs politiques et les citoyens en un processus de collaboration fondé sur la création conjointe de valeur. Au fur et à mesure que nous nous embarquions dans cette aventure, nous avons accueilli toutes celles et ceux qui souhaitaient s'engager avec nous. À ce jour, des millions de personnes originaires de 180 pays nous ont dit ce qui leur importait.

Selon Albert Einstein, « le monde est dangereux à vivre ! Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. ». Soyez un acteur en prenant part à cette conversation au Forum de Paris sur la Paix, et contribuez à l’élaboration de solutions communes aux défis que nous ne pouvons résoudre seuls. Cela nous aidera à remplir notre mission, celle de promouvoir « des politiques meilleures pour une vie meilleure ».

Anthony

Lisez la Déclaration du Président Macron et des chefs de l'OCDE, de l'ONU, de l'OMC, de l'UNESCO, de la Banque mondiale, du FMI et de l'OIT au Forum de Paris sur la Paix

Paris Peace Forum

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Go to the profile of Beth Walter Honadle
over 5 years ago

Votre attention est correctement sur l'engagement de citoyen. Dans cet âge de migration massive avec le nombre record de réfugiés, comment incluons-nous des voix noncitzen? Comme des noncitoyens ils n'ont pas de droits de vote, par exemple. Il y a des institutions multinationales et des groupes de pression cet avocat pour le compte des noncitoyens.  Je pense qu'il serait utile de faire entendre des voix de migrants directement. Les politiciens caractérisent des motivations de migrants et le caractère pour faire appel leurs partisans.  Je crois que c'est une question pour beaucoup de pays. 

Go to the profile of ZHAO Hui
over 5 years ago

D'accord.